Arbalètes

Plusieurs arbalètes ont été gravées sur les murs de Marmande. Elles sont toutes orientées vers le haut. Pour trois d’entre elles, la corde est bandée, mais le carreau ne semble pas figuré. Leur arc est en outre placé trop bas en plus d’être rectiligne, à moins qu’il ait été représenté dans le mauvais sens ! Elles sont assez schématiques. La quatrième arbalète est plus réaliste avec la représentation de l’étrier et la figuration de la détente.

L’arbalète, connue depuis l’Antiquité, fait sa réapparition en Europe au XIe siècle. La corde est tendue à la main ou par un crochet tendeur avec l’aide d’un étrier au bout du fût (fig. 1). Au cours du Moyen Âge, d’autres mécanismes apparaissent comme le cric ou la manivelle. La détente permet dans tous les cas de tirer le carreau (ou un autre projectile). Cette arme, au même titre que l’arc, est toutefois condamnée au XIIe siècle par les papes car elle permet de tuer à distance, et donc sans courage. Cet anathème n’empêche pas les rois de France et d’Angleterre de mettre sur pied des compagnies régulières d’arbalétriers et d’archers qui s’illustrent notamment aux XIVe-XVe siècles lors de la guerre de Cent Ans (fig. 2). Les armes de trait sont ensuite progressivement remplacées par les armes à feu pour des questions de coût (elles nécessitent en effet un acier flexible de qualité) et de performance. Pour autant, l’arbalète ne disparaît pas totalement dans la société et reste utilisée notamment pour la chasse (fig. 1).

Les arbalétiformes constituent un motif récurrent parmi les graffitis. Des arbalètes ont ainsi été gravées sur des rochers ou des murs de châteaux (fig. 3). Il est possible que le motif ait pu avoir ponctuellement une signification symbolique.

 

Fig. 1 : chasse à la grue, miniature du XIVe siècle (Paris, BnF, NAL 1673 f.70v).
Fig. 2 : arbalétriers à l’œuvre lors d’un siège, miniature du Codexe Manesse, vers 1300-1340 (Bibliothèque de l’université de Heidelberg, Cod. Pal. Germ. 848 f.229v).
Fig. 3 : exemple d’une gravure représentant une arbalète au château de la Guerche en Indre-et-Loire (cliché : Aymeric Gaubert, 2023).