Architecture

Le site est composé d’une enceinte fortifiée, d’une tour maitresse flanquée d’une tour de guet de logis ruinés et de deux ailes de communs. Des souterrains creusés sous le château sur plus de 300 m de longueur comprennent plusieurs salles et témoignages d’occupations.

Un fossé profond protège l’enceinte Nord composée d’un ensemble de courtines et de tours de 11m de hauteur en moyenne. Cette enceinte est datée du XI au XIIIème siècle. La partie Sud est occupée par la tour maitresse constituée d’une tour porte de 17 m de haut à laquelle s’est accolée au XVIe une extension résidentielle côté fossé. Les différents niveaux de la tour sont desservis par un escalier à vis logé dans une tour guette octogonale de 35 m de haut, toiture comprise. Au Sud, un donjon roman carré, transformé en logis au XVe conserve deux belles cheminées sur l’un de ses murs.

Au Sud Ouest les vestiges d’un logis médiéval subsistent à l’aplomb du rocher.

Les phases de construction

Aucun dessin, aucune description ne nous permet d’avoir des certitudes sur la structure du château initial et sur ses étapes successives d’aménagement. Celles-ci se révèlent grâce aux travaux des archéologues qui lisent dans les pierres comme à livre ouvert. Nicolas Faucherre a initié ces recherches reprises depuis par Nicolas Prouteau et ses étudiants du CESCM de l’Université de Poitiers, Didier Delhoume, Nicolas Bilot, Julien Noblet, et les étudiants en master Mathieu Déjardin, Clément Tillet ont commencé à reconstituer ce puzzle. D’autres études seront menées qui préciseront cette chronologie.

Le premier château en pierre, entre la fin de l’an mil et 1150

Evidemment, la route actuelle n’existe pas et le fossé se continue tout autour du site. Le donjon roman est construit à l’aplomb de la falaise. L’accès au château se fait par une porte renforcée par des contreforts ouverte dans le mur d’enceinte. Les murailles protègent l’ensemble de la cour, il ne reste pas de vestiges de bâtiments de cette époque.

Apparition des tours de l’enceinte

Imaginez le château vers 1200, 1230. La région est traversée par les conflits incessants entre roi de France et roi d’Angleterre. Les murs de l’enceinte, les courtines, sont flanqués d’escalier et de chemins de ronde. Des tours sont construites et ponctuent l’enceinte. Elles sont en forme de demi lune, équipées d’archères, couronnées de toitures équipées de hourds, des planchers débordants qui permettent d’attaquer les assaillants. Le chemin de ronde permet de passer des tours aux murs. Peu de forteresses à cette époque ont un front défensif aussi puissant. La porte devient une véritable tour porte associée à un pont levis équipé d’un assommoir qui protège l’accès au château. Elle est couronnée d’un chemin de ronde qui protège l’entrée. Cette tour comporte les deux étages actuels. L’accès aux étages devait se faire par des échelles.

Construction de la tour de guet

Les aménagements ne s’arrêtent pas là. Un siècle plus tard, vers 1330, 1350, la guerre de 100 ans commence. La tour porte est modifiée. Des fenêtres plus grandes à meneau sont percées dans les pièces côté de la cour, des cheminées y sont installées. La tour de guêt est érigée. Elle permet d’accéder aux étages avec son escalier en vis, sa hauteur de 28 m hors toiture offre une vue excellente aux alentours, ce qui lui permet de voir et d’être vue également de tous.

Agrandissement de la tour porte

Un siècle plus tard, vers 1450, 1500, les travaux reprennent. Un important logis se construit au fond de la cour à l’aplomb du rocher. Il en reste des fenêtres, une cheminée monumentale, des latrines, un escalier à vis qui dessert les souterrains. Une chapelle est érigée sous la protection de Sainte Marguerite, elle est consacrée par l’Archevêque de Tours le 1er mai 1452, pour assurer 3 messes par semaine. Et puis, le canon remplace l’arbalète, il devient nécessaire de renforcer la tour porte. Une extension imposante équipée d’une embrasure de tir pouvant accueillir une pièce d’artillerie est accolée à la tour porte , c’est elle que l’on voit en arrivant par la route actuelle. Le pont levis est supprimé, l’accès au château est déplacé. Le tout est couvert d’une toiture à 4 pans. Le fossé devant le donjon roman est comblé. Il est remplacé par un boulevard protégé d’une enceinte qui met le château à l’abri des tirs.

Le château devient résidence

Un siècle plus tard, la fonction défensive du château devient inutile. De nouveaux logis sont aménagés comme en témoigne un blason de 1623. Il en reste des pans de mur, comme des pièces de puzzle qui ne nous permettent pas vraiment d’imaginer ces différents états. Un nouvel accès est utilisé qui emprunte le boulevard devenu point de vue sur les campagnes environnantes.

Le château devient une ferme

A partir de 1730, Marc Pierre comte d’Argenson utilise pierres, charpentes et ardoises pour construire son château des Ormes. Tous les logis sont détruits. Il crée ainsi la ruine romantique, ne laissant que la tour de guet, la tour porte et l’enceinte en souvenir de sa puissance passée. Le lieu deviendra ensuite une exploitation agricole. Les communs partiellement reconstruits utilisent les pierres laissées à l’abandon.

Au début du XXème siècle la construction de la route comble le fossé Est et l’accès actuel entraine la destruction d’une des tours de l’enceinte.

Les graffitis

Depuis 1830 environ, le site est devenu un lieu de promenade. La tour en porte les traces. Son tuffeau tendre est facile à graver et il devient le témoin du passage de ces curieux et amoureux du dimanche. Ils ont confié leurs noms à la tour, pour qu’elle les garde au delà des ans. Peut être est ce une réminiscence de cette vieille légende qui faisait de Mélusine, la fée bâtisseuse, la constructrice nocturne de cette guette !

Au delà de ces graffitis récents, d’autres, plus anciens, ont un intérêt historique. Chevaliers à l’assaut ou à la parade, blasons, arbalètes, signature, leur étude reste à faire.